A la recherche d'une racine

Kipepeo prit Drusilia dans ses bras tentant de la calmer :

- Non, ma douce, tu n'en peux rien... Tu étais encore en état de choc ! Tu nous as peut-être sauvé la vie en faisant cela tu sais ? On ne peut pas faire confiance à un Gobelin... Au contraire, tu t'es montrée vraiment courageuse...

Kipepeo rendit le sourire à Tharivor. Elle regarda la déposa doucement et lui mit une couverture. Puis indiquant le barbare elle lui dit :

Faut le surveiller... Reposes toi un peu, je veillerais et quand je ne peux plus tenir les yeux ouverts je t'appellerais...
L'aube ne doit plus être très loin maintenant de toute façon.

- Je te remercie mais je dois décliner ton offre, je tiendrai la nuit, repose toi. De toute façon je ne saurai dormir en sachant que les gobelins pourraient arriver.

Kipepeo était pleine de reconnaissance pour une personne aussi prévenante. Elle ne le méritait pas pensa-t-elle. Si seulement il savait la lourde charge qui pesait sur son âme... Elle revit avec tristesse l'image de sa mère, celle qu'elle affectionnait tout particulèrement lorsqu'une mèche tombant sur son front, ses mains pétrissaient la farine pour lui préparer du bon pain. Cette image s'éteignit comme à chaque fois, et le corps mutilé de sa mère refit surface. Elle se força à la réprimer :

Oui, fit-elle il faut que je me repose. Sa voix était légèrement rauque et elle baissa les yeux pour cacher leur humidité.

Elle s'étendit près de Drusilia fermant les yeux.

Après avoir passer les gardes, Kipepeo, Tharivor et Drusilia se rendirent à l'auberge. Tharivor attacha le barbare sur une chaise et fit s'assoir les jeunes demoiselles. Il partit en cuisine et commença à préparer le fameux festin. Il revint quelques minutes après et demanda aux jeunes filles ce qu'elles voulaient boire pendant l'attente de la cuisson. Une fois les commandes prises il retourna en cuisine le temps de servir les demoiselles et en revint avec les verres. Puis il prit congé de ces dames et retourna en cuisine. A son retour, environ une heure plus tard, Tharivor avait troqué son armure contre un ensemble noir faisant penser à des vêtements de riches. Il portait deux plateaux qu'il vint poser sur la table à coter. Il recommença l'opération une fois puis amena les assiettes et les couverts. Il se mit alors à servir les assiettes avec le contenu des plats. Il y avait donc de la salade, de la dinde et d'autres aliments montrant la richesse du repas.

- Je me suis rendu compte que l'on avait vécu une aventure ensemble mais nous ne savons rien les uns des autres alors je propose de vous raconter mon histoire et ensuite chacune d'entre vous contera la sienne. Pour mon histoire tout commence il y a 22 ans lorsque ma mère me mit au monde. Je passai toute mon enfance à m'amuser en enfant de riche que j'étais. Lorsque je fit en age de comprendre la vie que je pensais par rapport a celle que je voulais, je partit de chez moi et m'engagea dans la garde afin de pouvoir aider un maximum de personnes. J'avais alors 17 ans et je me rendit rapidement compte que faire partie de la garde n'était pas ce que je voulais faire. Je rassemblai alors tout l'argent que je pouvais utiliser et fit bâtir cette auberge. En faisant cette auberge je pouvais offrir le repos aux voyageurs fatigués, les nourrir et leur permettre d'oublier les horreurs qu'ils avaient pu voir. J'eus beaucoup de mal à faire marcher cette auberge au départ car tout le monde croyait que le fait que je soit jeune entrainait une inexpérience et donc un service de mauvaise qualité. Malgré cela j'avais quelques clients et le nombre de mes clients ne grandit jamais. Jamais je ne fit salle comble, toujours deux ou trois clients en même temps. Mais la vie d'aubergiste m'ennuya vite et je pensais à partir à l'aventure, ce que je ne pus pas faire car je n'avais plus l'argent nécessaire pour cette action. Puis, un ange entra dans ma petite auberge et m'adressa la parole. Je sus alors que mon destin était de l'accompagner coute que coute. Prenant le premier prétexte que j'aie pu trouver en discutant avec cet ange, je l'ai suivie dans une quête qu'elle avait trouvée en suivant mes indications... Voila c'est mon histoire, vous avez des questions?

Kippeo écouta l'histoire de Tharivor avec intérêt. Elle mit du temps à réaliser que l'ange dont il parlait pourrait bien être elle-même. Cela lui fit plaisir et en même temps, cela l'embarassait. Elle baissa les yeux, en se demandant si elle pouvait lui révéler son histoire entièrement. Néanmoins, elle s'entendit dire malgré elle :

- Je ne suis un ange Tharivor... Elle leva vers lui des yeux embués de larmes, elle pensait qu'il allait la regarder avec horreur lorsqu'elle lui dirait... Faut il lui dire ? Oui, murmura une petite voix en elle

- Je suis en quelque sorte responsable de la mort de ma mère...

Elle se raidit, et d'une voix monocorde elle raconta sa vie à Tharivor et Drusilia. Lorsqu'elle se tut le silence tomba sur la pièce.

Tharivor écouta avec attention l'histoire de Kipepeo, puis, lorsqu'elle eut finit, il lui dit:

- Et donc tu te crois responsable de sa mort? Je n'ai entendu qu'un seul responsable dans ton histoire: ton père. C'est lui qui a une peur maladive des lanceurs de sorts, c'est lui qui t'a forcée à cacher tes fabuleuses capacités et c'est lui aussi qui a tué ta mère. Je vais te faire une promesse: je vais dorénavant demeurer à tes cotés et lorsque je te sentirai prête, je te ferai un cadeau que tu ne pourras refuser.

Kipepeo releva la tête et plongea son regard doré dans ceux de Tharivor. Comme un rayon de soleil après la pluie, son visage s'éclaira en un sourire. Ne plus être seule ? Elle avait du mal à immaginer cette perspective.

- Tu est bon Tharivor, que les dieux puissent te protéger à jamais. Elle essuya une larme qui avait roulé sur ses joues et regardant le festin, se mit à manger avec appétit. Elle se tourna vers Drusilia et doucement lui demanda :

- Et toi, tu te sens le courage de nous raconter d'où tu viens ?

- Ou...oui, je devrais y arriver... Je suis née en Mulhorande dans la cité-capitale de Skuld. Mes parents sont... étaient des personnes simples aimant les voyages. Ils voyageaient donc d'une ville à l'autre en amusant les populations qui les accueillaient. Ils faisaient les pitres et faisaient rire tout le monde. Moi, au début je ne faisais que de l'accompagnement puis je me suis lentement séparée d'eux en faisant mon propre numéro. Je chantais et bien que je ne fasse pas toujours rire, mes chansons débordaient de sentiments et je ne laissait jamais quiconque indifférent. Petit à petit d'autres voyageurs se sont joint à nous et ont fondé leur numéro et à force il nous fallait plusieurs journées pour montrer chaque numéro. Tout allait bien jusqu'à ce que nous nous mettions à traverser le grand marais, la nous avons été poursuivi par les gobelins qui tuaient nos amis les uns après les autres. Ils nous ont poursuivi jusqu'à ce que mon père décide d'arrêter le massacre et de tenter de les repousser tous ensemble. Son idée était bonne mais il n'avait pas compter le surnombre de ces gobelins...

Kipepo prit la main de Drusilia et lui dit doucement :

- Nous sommes là maintenant Drusilia. Et puis, tu pourras rester aussi longtemps que tu le désires. Elle jeta un regard interrogatif à Tharivor et continua sur un ton plus léger avec une lueur malicieuse :

- Une artiste ! voilà qui sied bien à cette auberge n'est-ce-pas Tharivor ?

- Bien sûr, en plus cela permettrait peut être d'attirer des clients. Maintenant il faut juste l'accord de la demoiselle Drusilia pour chanter dans ce bar et l'accord de mon frère pour reprendre le bar.

Kipepeo sourit enchantée d'avoir peut-être trouvé un abri sûr pour sa jeune amie.
Après avoir mangé elle pensait qu'il fallait peut-être aller revoir le vieil homme qui lui a confié la mission et lui remettre la racine récoltée.
Elle fouilla prit son sac et dit :

Je vais aller à l'échoppe, pour remettre cette racine à celui qui m'a confié la mission